Toc toc? [pv;Mario]

J'étais en train de faire une bêtise, et je le savait. Il allait m'envoyer bouler. Il me l'avait dit explicitement, dés le jour de notre rencontre: Tu as le droit de venir au bar quand tu veux, Thelma. Tu peux parler avec les clients, du moment qu'ils ne te disent pas de les laisser tranquille. Tu peux parler avec moi et me demander des trucs, mais je ne suis pas ta pompe à scoops. Mais tu ne viens pas me déranger en dehors de ça.

Et là, qu'est-ce que je faisais? J'étais devant chez lui. Devant la maison que Mario, LE Super Mario des jeux de mon enfance (et des jeux de l'enfance de pratiquement tout le monde, je dirais), celui qui tenait le petit bar où j'avais l'habitude de me rendre pour grappiller mes infos. Ouh, je ne devrais pas être là, je le savais!

Mais ce n'était pas dans ma nature de repartir la queue entre les jambes (façon de parler!). J'y étais, alors autant aller jusqu'au bout de mon plan! Simple, comme plan, d'ailleurs. Trouver la maison. Y toquer. Demander à Mario si il pouvait être bien gentil et me laisser entrer pour parler une minute. Orienter la discussion sur certains clients dudit Mario, et le tour était joué! Oui, qu'est-ce qui pouvait bien aller de travers avec un plan en béton? Heu... Des tas de choses, en fait. Il allait m'envoyer bouler, j'en étais presque sûre, maintenant. Voilà que je me mettais à douter de mes plans, c'était tout de même pas commun!

Allez, je me dis comme pour me donner du courage, Il est pas méchant, Mario, il va pas me laisser dehors alors qu'il fait un peu froid, et puis je veux juste parler. Juste parler, comme on fait tout le temps au bar sans qu'il m'envoie bouler, pourquoi est-ce qu'il le ferait maintenant?

Il fallait que je toque, tout de même. Rester planter là n'allait pas de dire si oui ou non le sympathique plombier qui n'en était pas un allait me laisser dehors. Aussi j’avançais ma main vers la porte, et...

Toc toc

Toc toc?

Qui c'est qui vient encore m'embêter?

► Home sweet home, avais-je envie de m'écrier, comme pratiquement tout les jours après une dure journée de labeur. Un des petits plaisirs du quotidien, selon moi, le simple fait de rentrer chez soit et de pouvoir ne rien faire de particulier. Pas de princesse à sauver, pas de royaume champignon à reconquérir, pas de méchant dino en colère à combattre. J'avais mes moments de nostalgie, je l'avoue, mais j'aimais ma vie tranquille de New-yorkais. Enfin, tranquille la plupart du temps.

Je n'avais rien prévu de spécial. Je pensais à me faire une pizza, voir à téléphoner à mon frérot (dont je n'avais pas de nouvelles depuis quelque jour, étrange étrange) quand tout à coup...

Toc toc.

Oh, quel désagréable son pour celui qui veut passer sa soirée tranquille! Je fût tenter de ne pas répondre. Ça pouvait être une erreur, ou un vendeur ambulant, ou des témoins de Jehovah... Non, je ne voulais pas répondre, pourtant mes jambes me conduisirent jusqu'à la porte. Satané esprit de contradiction. J'ouvrais la porte pour me trouver face à face avec...

" Oh, c'est pas vrai. "

La ptite journaliste qui squattait le Super Zéro! J'avais son nom sur le bout de la langue... Tina... Non, Thelma.

" Je croyais qu'on avait un deal, miss. Je t'aime bien, si si, t'es une cliente qui paye ses consommations, c'est plus que je ne peux en dire de la moitié de ma clientèle. Je te laisse venir, tu peux parler avec les clients du moments que tu ne les embête pas. Tu peux parler avec moi, idem. Mais venir chez moi, non! "

On n'interrompt pas Mario quand il est sur le point de se faire une pizza, nom d'un champignon! Bon. Je ne voulais pas non plus passer pour un méchant sans cœur. Elle avait l'air d'être à pied, et j'habitais à une trotte de chez elle, d'après ce qu'elle m'avait dit. J'étais pas très content de la voir, mais j'allais pas la laisser sur le pas de ma porte alors qu'il faisait un froid de canard. Mario, il a le sens de l'hospitalité,a au moins! Je soupirais, en lui désignant l'intérieur d'un geste du bras:

" Allez, rentre, tu vas attraper la mort. "

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Victoire, je me dis alors que ce bon vieux Mario acceptait, presque à contre cœur on dirait, de me laisser entrer. Il avait eu beau me sermonner, visiblement, il n'avait quand même pas envie de me laisser dehors. Parfait!

" Je sais que je ne suis pas supposée faire ça, mais je suis dans une impasse, là, et si je donne pas un bon article dans deux jours, je risque de me retrouver à la rue. "

Je lui souriais:

" Vous ne laisseriez pas une si bonne amie se retrouver à la rue sans rien à manger, hein, hein? "

Une si bonne amie... J'exagérais, bien sûre. Je ne pensais même pas qu'il me considérait comme une amie. L'important, c'était que je sois entrée, de toute façon. Maintenant, à moins de faire une grosse gaffe, il ne risquait plus de m'esquiver. Et je savais m'y prendre pour éviter les gaffes... La plupart du temps.

" Du coup je me suis dit... " Les supers héros, ils sont bien sympa, mais pourquoi est-ce qu'on a jamais fait de vrai gros article sur Mario"? C'est vrai ça, vous... "

Je le regardais, un peu inquiète: Si jamais il le prenait mal, je risquais de me faire rembarrer vite fait. Et j'avais pas fait tout ce chemin pour me faire envoyer paître, ça non!
Je continuais, en choisissant bien mes mots:

" Vous êtes un héros aussi. Pour la plupart des gamins, vous étiez même plus grand que Superman, à votre époque! Moi j'ai grandit avec vos jeux, et je sais qu'il y a beaucoup de gens pour qui c'est le cas, et, et... "

Ouh. Il allait falloir que je me calme, là, j'étais en train de parler comme une fan et non plus comme une journaliste! Si je le brusquait trop, il allait se renfermer, je le savais. Je soupirais:

" Je suis sûre qu'il y a moyen de redorer votre image, et quoi de mieux qu'un petit article bien écrit par votre aimable journaliste préférée? "

Toc toc?

Qui c'est qui vient encore m'embêter?

► Elle savait s'y prendre pour vous caresser dans le sens du poil, la donzelle. Malhonnête, va! Me dire à moi, humble plombier du dimanche, que certains me considérait comme l'égal, voir le supérieur, d'un Superman... Non non, je n'allais jamais pouvoir lui dire non après ça! Et puis, elle n'avait pas tout à fait tord. Il fût un temps où j'étais l'attraction à la mode, tout le monde voulait tout savoir sur Mario et son pays aux champignons magiques... Et puis ça leur a passé. C'est comme pour tout, quand c'est plus l'heure, c'est plus l'heure...

Maudite soit-elle, venir réveiller ma maudite nostalgie à une heure pareille! Bon, en rationalisant... Un simple article ne pouvait pas me faire de mal. Et puis j'aimais autant qu'elle vienne me voir moi plutôt que de la voir harceler mes clients, ce qui finissait toujours par me retomber dessus. Elle n'était pas méchante, la petite dame, et même si les gens de sa profession n'était pas toujours apprécié, je comprenais qu'il lui faille un truc à se mettre sous la dents. Je grommelais:

" Un seul article. Et pas de questions bizarres ou gênantes. Un article, et après tu me laisses tranquille, okay miss? "

Parce que bon, je voulais bien moi, sacrifier un peu de mon temps pour que la donzelle ait un truc à rendre à son maudit rédacteur en chef, mais pas question de me retrouver à déballer des trucs trop intimes, ça non. J'étais pas une starlette à la noix, moi, j'avais eu mon quart d'heure de gloire, mais même là, j'avais jamais trop aimé tout dévoiler.

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Un autre journaliste se serait dit "Mince, un seul petit article, je pourrais me débrouiller pour avoir plus, et puis même pas de questions croustillantes, la misère"... Mais pas moi, ça non! Je n’exagérais pas quand je disais que j'étais prête à tout pour garder mon job, et même un tout petit entretien avec LE Mario, c'était génial. J'affichai mon plus beau sourire avant de passer la porte allègrement.
Victoire, victoire, victoire. Au risque de me répéter, c'était dans la poche! Bon, ma grande confiance en moi pouvait s’avérer décevant, quelques fois, mais au moins ça me rendait très difficile à décourager, et ça, Mario allait sûrement l'apprendre à ses dépend ce soir. Enfin, il aura été prévenu, hein!

Pas gênée, je m'installais dans un fauteuil, sans qu'on m'ait vraiment dit si je le pouvais. J'observai autour de moi: L'endroit était sympa. Pas ma tasse de thée, la déco un peu vieillotte, mais ça faisait un peu l'image qu'on a d'un bon petit foyer, ça donnait envie d'y rester... Une chouette maison, quoi. Bon, j'allais pas lui demander de me faire visiter, je ne pouvais pas vraiment pousser ma curiosité au point d'en être vraiment malpolie. Et puis on avait un article à rédiger, bon sang de bonsoir! Je lançais un regard entendu à mon hôte:

" Bon, on va s'y mettre, faire ça vite et bien, et je ne vous dérange plus, promis promis. "

Je sortais tout ce dont j'avais besoin pour exercer mon "art": Un petit magnétophone, accessoire un peu vieux, il est vrai, mais tellement pratique, un calepin et un crayon. Je désignais l'enregistreur:

" Ça ne vous dérange pas que j'enregistre notre conversation? Je prends toujours des notes, mais au cas où je loupe quelque chose d'intéressant, j'aime autant avoir une version audio... Çà vous va? Parfait. "

Bon, je ne lui avais pas vraiment laissé le temps de me dire si le magnéto, ça le dérangeait, mais il m'avait laissé entrer chez lui, il n'était franchement plus à un détail près, non?

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